Faim et Pauvreté dans le monde

Sous-alimentation

« Situation dans laquelle la consommation alimentaire habituelle d’un individu est insuffisante pour fournir l’apport énergétique alimentaire nécessaire à une vie normale, active et saine. La prévalence de la sous-alimentation est utilisée pour mesurer la faim »

- OMS

Contexte

Cette étude vise à analyser la situation de la sous-nutrition dans le monde. Cela inclut l'identification des régions et des populations les plus touchées par la sous-nutrition, ainsi que la recherche de facteurs qui y contribuent.

Pour mener cette étude, plusieurs fichiers de données ont été utilisés : Aide alimentaire : liste des pays bénéficiaires, produits et quantités d'aide alimentaire fournies. Insécurité alimentaire : données sur le nombre de personnes en sous-alimentation par année et par pays. Disponibilité alimentaire pour 2017 : informations sur les produits alimentaires, unités de mesure, et utilisations de la disponibilité alimentaire. Population : informations sur la population des pays. Ces données proviennent de la base de données FAOSTAT des Nations Unies.

https://www.fao.org/faostat/en/#data

La Sous-nutrition en Chiffres

En 2017, 535 millions de personnes sont en état de sous-nutrition dans le monde

En 2022, ce chiffre a augmenté pour atteindre environ 828 millions en 2021 !

Production et Consommation Alimentaire

Ces chiffres ne tiennent pas compte du gaspillage alimentaire, de la distribution inégale, de l'alimentation animale et d'autres facteurs affectant la disponibilité réelle des aliments. Il s'agit d'une estimation théorique qui ne reflète pas la complexité du système alimentaire mondial. Il est donc essentiel de décomposer ces chiffres pour mieux comprendre la situation.

Ici encore, ce chiffre représente une estimation théorique basée sur des hypothèses simplifiées. Les produits végétaux incluent des sources de nourriture telles que les céréales, les légumes, les fruits, les légumineuses, etc. Ces aliments constituent une part importante de l'alimentation mondiale et sont souvent la principale source de calories pour de nombreuses populations.

Théoriquement, la production alimentaire mondiale pourrait nourrir l'ensemble de la population si chaque individu consommait en moyenne 2000 kcal/jour. Cependant, seule la moitié de la nourriture produite est réellement disponible pour la consommation humaine, comme on le voit sur le graphique ci dessous.

La disponibilité totale d'aliments pour animaux est de 1,288,003,507 kg. Cela représente la quantité d'aliments destinée à l'alimentation des animaux, tels que le bétail. Les pertes alimentaires atteignent 452,283,651 kg. Cela représente la quantité d'aliments qui est perdue tout au long de la chaîne d'approvisionnement, de la production à la consommation. Les semences représentent 153,320,296 kg, ce qui correspond à la quantité d'aliments utilisée pour planter de nouvelles cultures. La quantité d'aliments destinée au traitement est de 2,185,644,967 kg, ce qui englobe les aliments transformés ou utilisés dans l'industrie alimentaire. D'autres utilisations d'aliments totalisent 858,783,520 kg, ce qui inclut par exemple les biocarburants. La nourriture destinée à l’alimentation humaine est calculée en enlevant toutes ces catégories à la disponibilité totale mondiale.

Utilisation des Principales Céréales

Les céréales jouent un rôle crucial dans l'alimentation mondiale. Cependant, une grande partie est utilisée pour l'alimentation animale plutôt que pour la consommation humaine.

1. Alimentation humaine : 42.91% des céréales sont consommées directement par les humains. En plus de cette petite proportion, des inégalités d'accès persistent.
   

2. Alimentation animale : 36.14% des céréales (blé, riz, orge, maïs, seigle, avoine, millet, sorgho, et autres) sont utilisées pour nourrir le bétail. Cela soulève des questions sur l'efficacité de l'utilisation des ressources alimentaires, car ces céréales pourraient nourrir des humains.
   

3. Autres utilisations : 20.95% des céréales sont destinées à des usages tels que les semences, les pertes de stockage, et la transformation en produits non alimentaires.

Pays les Plus Touchés par la Sous-nutrition

Certains pays connaissent des niveaux élevés de sous-nutrition, souvent en raison de facteurs externes tels que les conflits, les catastrophes naturelles, et les conditions économiques défavorables.

Les pays figurant dans cette liste connaissent un problème de sous-nutrition important, puisqu’un pourcentage élevé de leur population ne reçoit pas une alimentation adéquate pour répondre à ses besoins nutritionnels de base. On constate que pour Haïti par exemple que c’est la moitié de la population qui souffre. Human Rights Watch nous indique qu’en 2017 la crise électorale du pays connu depuis 2015 a continué à nuire à la capacité du gouvernement haïtien à répondre aux besoins fondamentaux de sa population. Ces pays peuvent avoir besoin d'une aide humanitaire pour faire face à la sous-nutrition, ce qui souligne l'importance de la coopération internationale et de l'assistance aux populations vulnérables.

Quantité d'Aide Alimentaire

Exemples : Yémen : En guerre depuis 2014, la situation est critique. Soudan et Soudan du sud : En guerre depuis 2013, la crise humanitaire s'intensifie. Syrie : En guerre depuis 2011, 22 millions dépendent de l'aide humanitaire.

Difficultés d'Acheminement de l'Aide Alimentaire

Voyons pourquoi la quantité d’aide alimentaire à diminué de 2013 à 2016 pour les 5 pays les plus bénéficiaires.

Exemples : Soudan et Soudan du Sud : Guerres civiles et crise économique entravent les efforts humanitaires. Éthiopie : Suspension de l'aide alimentaire en 2016 en raison d'allégations de détournement. Syrie : Convois humanitaires bloqués par le conflit.

L'acheminement de l'aide alimentaire est souvent entravé par plusieurs facteurs, rendant cette solution plus temporaire que durable. Les principaux défis comprennent :

1. Conflits et instabilité politique : Dans des pays comme la Syrie et le Yémen, les conflits armés perturbent les routes et rendent dangereuses les livraisons de nourriture. Les convois humanitaires sont fréquemment attaqués ou bloqués, empêchant l'aide d'atteindre ceux qui en ont besoin.
   

2. Infrastructure défaillante : De nombreuses régions touchées par la sous-nutrition manquent d'infrastructures de transport adéquates. Routes en mauvais état, absence de chemins de fer et ports inefficaces retardent l'acheminement des vivres. Par exemple, les routes bloquées en Syrie ont forcé les organisations à recourir à des largages aériens, une méthode coûteuse et souvent inefficace.

3. Bureaucratie et corruption : Dans certains pays, la corruption et la bureaucratie ralentissent les processus de distribution. L'aide alimentaire peut être détournée par des fonctionnaires ou des groupes armés, et la lenteur administrative peut retarder la distribution de vivres essentiels.

4. Catastrophes naturelles : Les catastrophes naturelles comme les inondations, les tremblements de terre et les cyclones peuvent dévaster les infrastructures de transport et compliquer encore plus la distribution de l'aide. Les zones touchées par des catastrophes ont souvent besoin d'une aide immédiate, mais l'accès devient difficile.

Limites de l'Aide Alimentaire comme Solution à Long Terme

L'aide alimentaire, bien que vitale en situation d'urgence, n'est pas une solution durable à la sous-nutrition. Elle agit comme un pansement temporaire sur une plaie plus profonde. Voici pourquoi :

1. Dépendance à l'aide : Les communautés qui reçoivent de l'aide alimentaire pendant de longues périodes peuvent devenir dépendantes de celle-ci, ce qui peut décourager les efforts locaux pour produire et distribuer de la nourriture de manière autonome.

2. Économie locale perturbée : L'afflux massif d'aide alimentaire peut perturber les marchés locaux. Les agriculteurs locaux, incapables de rivaliser avec la nourriture gratuite ou subventionnée, peuvent subir des pertes économiques, réduisant ainsi la production locale à long terme.

3. Solutions structurelles nécessaires : Les véritables solutions à la sous-nutrition résident dans des réformes structurelles. Cela inclut l'investissement dans l'agriculture locale, le développement des infrastructures, l'amélioration des systèmes de santé publique, et l'éducation nutritionnelle. Les programmes d'aide alimentaire ne peuvent pas résoudre ces problèmes structurels.

4. Risques de détournement : Comme mentionné, la corruption et le détournement de l'aide alimentaire sont des problèmes récurrents. Cela signifie que l'aide n'atteint souvent pas ceux qui en ont le plus besoin, réduisant ainsi l'efficacité des programmes d'aide.

Disponibilité Alimentaire par Habitant

Les pays ayant une forte disponibilité alimentaire par habitant montrent souvent des économies stables, des systèmes alimentaires développés et un accès à des aliments de qualité. À l'inverse, les pays avec une faible disponibilité alimentaire par habitant sont souvent ceux avec des niveaux élevés de sous-nutrition (Haiti, Afghanistan, madagascar).

Produits Alimentaires Populaires

Les produits les plus consommés mondialement incluent le lait, le blé, les légumes, les pommes de terre et le riz. La consommation de produits d'origine animale comme la viande de volaille et les produits laitiers est également significative, bien que la production de viande nécessite souvent plus de ressources que la production de produits végétaux.

La réduction de la consommation de produits d'origine animale est un sujet de débat pour des raisons de durabilité environnementale. Cela invite à envisager des changements de comportements alimentaires vers des options plus durables et respectueuses de l'environnement.

Étude de Cas : La Thaïlande

En Thaïlande, environ 9% de la population est en état de sous-nutrition, malgré le fait que le pays est un important exportateur de manioc, avec 83% de sa production exportée. Cela met en évidence le défi de l'équilibre entre la demande intérieure et les activités d'exportation.

Solutions pour Lutter contre la Sous-nutrition

Pour résoudre le problème de la sous-nutrition, des mesures d'urgence ne suffisent pas. Il faut investir à long terme dans :

• L'agriculture : Développer des techniques agricoles durables.

• La sécurité alimentaire : Assurer une distribution équitable des ressources.

• La santé publique : Améliorer l'accès aux soins.

• L'éducation : Sensibiliser sur les pratiques nutritionnelles.

Il est crucial de mettre en place des politiques alimentaires globales et des programmes de soutien pour aider les pays les plus vulnérables à améliorer leur situation nutritionnelle. La coopération internationale et l'assistance aux populations en détresse restent essentielles pour atteindre cet objectif.